Je crois pouvoir dire sans me tromper que depuis Janvier 2005 jamais sur mon Blog je n'ai déclaré tout de go : "Cette recette là ... Elle déchire !!!". Pas mon genre voyons et soyons sérieux ou presque ... Même si dans ce cas présent je me retiens pour ne pas l'affirmer encore et encore, tellement cette Gelée de Piments de Martinique pourrait se manger à la petite cuillère si on s'accroche !
Il y a trois ans quand je suis arrivée en Martinique j'étais déjà, une "adepte" de la Cuisine relévée, voire très relevée, de la Cuisine Pimentée, voire même très pimentée.
Si ma Tendre génitrice passait par là, ce qu'elle ne fait pas souvent qu'on se le dise, elle confirmerait qu'à une période folle de mon adolescence très calme (et toussa), je me faisais des sandwiches en-cas avec un joli piment au vinaigre en guise de quatre heures. Ne croyez pas que dans ma famille nous avions des penchants Culinaires étranges, non ce n'était que moi à la maison qui en raffolait. Si mes souvenirs sont bons il me semble que mes parents garants de ma bonne santé y avaient mis un frein raisonnable, pour ne pas voir se développer au minimum un ulcère "perforable" ...
Depuis qu'ils ne s'occupent plus de mon régime alimentaire au quotidien (où alors à distance par téléphone avec les "Tu as bien mangé, tu dors bien, etc ...), j'ai testé et apprécié bien des piments sous les formes les plus diverses et dans les Cuisines les plus Cosmopolites, au grand dam de mon entourage jamais autant porté que moi sur le Piment de la vie.
J'ai aussi découvert mes limites quelques fois, la plus mémorable était un resto Indien à Paris où j'avais pioché sans faire attention dans les recettes les plus épicées de Toute la cuisine. Pour la première fois de ma vie j'ai failli tourner de l'oeil tellement c'était piquant. J'en aurai presque à nouveau des larmes et les oreilles qui bourdonnent en y repensant. Bref je n'étais plus une petite joueuse quant au Piments en arrivant à Fort-de-France ... Ça c'est ce que je croyais !
Pareil deux ou trois expériences inoubliables aux Antilles dans des sauces ou plats où j'ai fait ma futée au restaurant encore ou chez des Amis Martiniquais Hilares, qui m'ont bien calmée de ce côté. Dorénavant aux Antilles je me garde de dire que j'aime manger épicé, je préfère la prudence quitte à en rajouter un peu, car plus d'une fois je me suis retrouvée avec un plat immangeable pour un être normal pas habitué ...
Puis je me suis habituée et j'ai à ma façon apprivoisé les
Piments présents en Abondance sur tous les marchés de l'île.
J'ai découvert le Piment Végétarien que je ne connaissais pas en Métropole, celui-là je l'ai longtemps "snobé" parce que pour moi c'était du piment de fillette. A tort car finalement on en dit que c'est un piment qui procure la "chaleur" sans le "feu" et surtout qu'il ne pique pas, il est même doux et surtout très aromatique. Ils sont parfaits pour ceux qui apprécient modérément la Cuisine Pimentée. On en trouve des petits sachets comme sur la Photo ci-dessus sur tous les étals des marchés des iles des Antilles à 1 euro le sachet.
Mais ma Star des Piments à moi c'est le "Bonda Man'Jack" bombé et dodu comme le popotin de Mama Jack ... Et croyez moi ceux-là ils arrachent, tous les Antillais dans les magasins ne les manipulent jamais les mains pas protégées, vous les verrez tous se servir de sacs plastiques en guise de gants d'appoint quand ils doivent en acheter ... Ce sont des piments de type Habanero. On prête au "Bonda Man'Jack" le pouvoir de parfumer successivement sept courts-bouillons sans que son feu faiblisse. Laissez moi vous dire par expérience que je le crois aisément. J'ai donc pour habitude d'en choisir des pas trop gros que je dépose délicatement en fin de cuisson dans mon plat afin de ne pas le crever avec cette courte cuisson, et rendre le dit plat immangeable à coup sûr ...
Autre de mes surprise dans les restaurants Antillais, au début quand je demandais de la sauce pimentée, on me portait à chaque fois un piment entier sur une petite assiette. J'ai là encore fait mon Aventurière du Palais plus d'une fois à en pleurer puis j'ai appris à le doser en fonction de sa force, et où à simplement passer la lame de mon couteau sur sa chair pour en imprégner mes aliments. Quelle histoire je vous jure !
Si en 2003 à mes débuts balbutiants de Blogging, on m'avait dit que je me mettrai en short sur un Blog ma foi j'aurais bien ricané. (
ta soeur en short, ta fille en short ...).
Tout ça pour expliquer la genèse de cette recette, car comme pour
Mes Christophines de la Montagne Pelée farcies au Crevettes Colombo et Gingembre frais, faut compter avec la générosité d'un champs, d'un ami Martiniquais qui si il le pouvait vous mettrez toute sa récolte de piments dans le coffre de votre
4X4 voiture des Îles ... Comme en plus j'adore mettre la main à la pâte, me voilà dans un
champs de Piments Antillais à perte de vue, jouant à Laura Ingalls, sans la robe, ni le bonnet dans ma tenue post randonnée pré baignade "réparatrice".
En habituée de la "bête" au bout de plusieurs mois, j'ai dégainé un sac plastique qui m'a servi de gants et de contenant. Néanmois en préparant cette recette, et en les coupant et les rinçant j'ai encore vécu un grand moment de solitude, puisque juste les effluves et les piments au contact de l'eau ont failli m'assommer tellement c'était puissant et irritant pour les yeux et autres muqueuses pendant plusieurs heures durant.
Je n'ai pas hésité une seconde en rentrant à la maison avec mon offrande butin, j'avais une quantité impressionnante de Piments Bonda Man'Jack parfumés, tous frais et luisants je voulais en garder la quintessence, le symbole de Ma Martinique à moi, j'ai de suite donc pensé à une gelée type gelée de piment d'Espelette symbole du pays Basque pour le coup.
Mon addictive Gelée de Piments Martiniquais Bonda Man'Jack à manger à la petite cuillère
Pour deux bocaux type bocal à Confiture :
préparation : 30' - macération-filtrage quelques heures ou une nuit - cuisson : 30' + 20'
30-35 Piments Antillais Bonda Man'Jack
1/2 jus de citron vert + les pépins
1/2 litre eau + 100 ml et + 100 ml
200 ml de vinaigre blanc d'alcool de sucre de canne
200-250 grs de sucre cristallisé
2 gr d'agar agar
Ma façon de procéder n'a rien d'Académique n'étant pas une "
Confiturière" à la base, même si en Martinique notamment vu l'abondance des fruits j'ai commis
quelques confitures qui ont même fini en
Cadeaux Gourmands.
Je "prépare" les Piments Martiniquais en les rinçant abondamment, j'ôte la "tête" et toutes les graines (le tout avec précaution en portant des gants si possible et en évitant d'inhaler directement les effluves qui se dégagent).
Comme je n'ai pas de bassine à confitures (en cuivre rouge non étamée) j'utilise là encore ma cocotte minute et ça fonctionne très bien.
J y mélange donc mes piments, le jus d'un demi citron vert, les pépins que je mets dans une petite gaze ou mousseline pour pouvoir les retirer facilement en fin de cuisson, et je mouille avec un demi litre d'eau et 200 ml de vinaigre blanc d'alcool de sucre de canne pour rester dans la Thématique Créolisante.
Je fais cuire à feu doux pendant 30 minutes et je porte à ébullition tout en remuant à la cuillère en bois. Il n'est pas nécessaire d'écumer dans ce cas présent.
Je "mixe" ensuite ma préparation encore toute chaude au blender pour obtenir une espèce de purée assez liquide. puis je la "passe" dans une étamine ou un torchon en laissant égoutter quelques heures ou toute une nuit pour ne recueillir "que" le liquide concentré. J'ai rajouté en milieu de temps 100 ml d'eau dans l'étamine pour bien avoir toute la "substance" des piments, et encore 100 ml à la fin de l'opération "égouttage" pour "rincer" en quelque sorte. J'étais certaine de cette façon d'avoir bien récupéré le "coeur" de la chair des piments ...
Je me retrouve au final avec 700 ml de "suc de piments" assez liquide auquel je rajoute 200-250 grammes de sucre (faut gouter à votre convenance) et 2 gr d'agar agar en poudre (cela correspond à une cuillère à café rase).
Remettre sur le feu faire chauffer tranquillou 20 minutes et enfin donner un bouillon 30 secondes. (écumer si nécessaire à cette étape).
Pendant que ma préparation est sur le feu, j’ébouillante parallèlement mes pots et je les laisser sécher à l’envers sur un torchon propre.
Mettre en bocaux : A l’aide d’une louchette je rempli à ras bord mes deux pots préalablement stérilisés donc, je les referme aussitôt et je les retourne la tête en bas. Après refroidissement complet je stocke au réfrigérateur.
La gelée a pris très rapidement en quelques heures, avec une superbe texture (en plus d'une couleur Orange Dorée alléchante), elle se tenait bien sans être trop ferme. Test concluant en ce qui me concerne et une fois n'est pas coutume je vous recommande vivement cette Gelée de Piment Antillais très parfumée avec un léger accent sucré qui tempère à souhait son piquant.
Pendant quelques jours toute contente de moi, j'en ai mis partout : en apéro sur du fromage de Brebis par exemple, avec du Poisson local grillé, en l'occurrence du Marlin qui sortait juste de l'eau sur la photo ci-dessus. Testé aussi avec un bon rôti, rien à dire conquise je suis ... Il n y a que dans mon yaourt que je n'en ai pas mis mais je vous tiens au courant, tout est possible !
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